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part de l’orage. C’est ce que j’essayai de mettre en relief, à peu près dans les termes que je viens d’employer. Le comte abaissa résolument un de ses terribles doigts, continua de tenir l’autre en l’air, et poursuivant sa route, me passa dessus, pour ainsi dire, sans même prendre la peine de crier : « Gare ! » ce que fait, dans sa politesse vulgaire, le cocher le moins bien appris.

— Encore une fois, reprit-il, suivez bien ma pensée. Je vous ai suffisamment indiqué le premier objet de ma visite ; le second est de faire pour miss Halcombe ce que sa maladie l’a empêchée de faire elle-même. En toute matière difficile, à Blackwater-Park, on recourt volontiers à mon expérience consommée, et j’ai été appelé, comme ami, à donner mon avis sur l’intéressante lettre que vous avec écrite à miss Halcombe. Je n’ai pas eu peine à comprendre, vos sympathies et les miennes étant identiques, pourquoi vous souhaitiez la voir seule, ici, avant de vous engager à recevoir lady Glyde. Vous avez parfaitement raison, monsieur, d’hésiter à recevoir la femme, sans être tout à fait certain que le mari n’emploiera pas son autorité à la retirer de chez vous. J’en tombe parfaitement d’accord. Je conviens aussi très-volontiers que les explications nécessitées par une difficulté de cet ordre, sont d’une nature trop délicate pour être données convenablement dans une simple correspondance. Ma présence ici (elle n’est pas sans inconvénients pour moi) garantit la sincérité de mes paroles. Quant aux explications en elles-mêmes, moi, — Fosco, — moi qui connais sir Percival, bien mieux que miss Halcombe ne le peut connaître, je vous affirme, sur mon honneur et ma parole, qu’il n’approchera pas de ce château, qu’il n’ouvrira aucune communication avec ce château, tant que sa femme y voudra vivre. Ses affaires sont embarrassées. Offrez-lui sa liberté, que lui procure immédiatement l’absence de lady Glyde. Je vous garantis qu’il ne la laissera pas échapper, cette liberté précieuse, et qu’il retournera sur le continent, aussitôt que l’occasion lui en sera offerte. Tout cela n’est-il pas, à vos yeux, limpide comme cristal ? Oui, sans doute.