Esq. de Limmeridge-House[1]
I
Un grand malheur de ma vie, c’est que personne ne veuille me laisser tranquille. Pourquoi, — je le demande à un chacun, — pourquoi donc me tourmenter ? Personne ne répond à cette question ; et personne ne me laisse tranquille. Parents, amis, étrangers, semblent tous se donner le mot pour me contrarier. Et qu’ai-je fait, cependant ? Je me le demande, je le demande à Louis, mon domestique, au moins cinquante fois par jour : — Qu’ai-je fait, voyons ? Voyons ! Ni lui, ni moi, ne saurions le dire. Voilà qui est fort extraordinaire !
Le dernier ennui dont on m’ait régalé c’est d’être appelé à écrire ce récit. Fait-on écrire des récits à un homme aussi tourmenté par ses nerfs ? Lorsque j’oppose cette objection si raisonnable, on me dit que certains événements très-sérieux, relatifs à ma nièce, se sont produits avec ma participation personnelle, et que, par cette raison, je suis plus à même que personne de les raconter exactement. On me menace, si je me refusais à l’effort que l’on m’impose ainsi,
- ↑ Les moyens par lesquels furent originellement obtenus le récit de M. Fairlie et quelques autres dont on le verra suivi, forment le sujet d’une explication qui sera fournie ultérieurement.