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Le récit est continué par Frédérick Fairlie
Esq. de Limmeridge-House[1]


I


Un grand malheur de ma vie, c’est que personne ne veuille me laisser tranquille. Pourquoi, — je le demande à un chacun, — pourquoi donc me tourmenter ? Personne ne répond à cette question ; et personne ne me laisse tranquille. Parents, amis, étrangers, semblent tous se donner le mot pour me contrarier. Et qu’ai-je fait, cependant ? Je me le demande, je le demande à Louis, mon domestique, au moins cinquante fois par jour : — Qu’ai-je fait, voyons ? Voyons ! Ni lui, ni moi, ne saurions le dire. Voilà qui est fort extraordinaire !

Le dernier ennui dont on m’ait régalé c’est d’être appelé à écrire ce récit. Fait-on écrire des récits à un homme aussi tourmenté par ses nerfs ? Lorsque j’oppose cette objection si raisonnable, on me dit que certains événements très-sérieux, relatifs à ma nièce, se sont produits avec ma participation personnelle, et que, par cette raison, je suis plus à même que personne de les raconter exactement. On me menace, si je me refusais à l’effort que l’on m’impose ainsi,

  1. Les moyens par lesquels furent originellement obtenus le récit de M. Fairlie et quelques autres dont on le verra suivi, forment le sujet d’une explication qui sera fournie ultérieurement.