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thèque, et m’assurer aussi qu’il n’y a personne sur l’escalier…

Ils s’éloignèrent lentement, et le reste de leur conversation (durant laquelle, au surplus, ils n’avaient cessé de parler à voix très-basse) devint absolument impossible à suivre. Il m’importait guère ; j’en avais entendu assez pour me déterminer à justifier la haute opinion que le comte semblait s’être faite de ma finesse et de mon courage. Avant que les étincelles rouges eussent disparu dans les ténèbres, j’avais arrêté en moi que quelqu’un assisterait à la conférence préparée entre ces deux hommes, — et que, nonobstant toutes les précautions du comte, ce quelqu’un-là serait moi-même. Il ne me fallait qu’un motif, pour légitimer cet acte par-devant ma propre conscience et me donner le courage de l’accomplir. Or ce motif, je l’avais. L’honneur et le bonheur de Laura, sa vie même peut-être, — dépendaient ce soir-là de ma finesse d’oreille et de ma sûreté de mémoire.

J’avais entendu le comte annoncer qu’avant d’entrer en explications avec sir Percival, il prétendait explorer les chambres attenant à la bibliothèque et l’escalier au bas duquel ouvrait cette pièce. Il n’en fallait pas davantage pour m’informer que la conversation projetée devait avoir lieu dans la bibliothèque. Or la même minute qui me suffit pour arriver à cette conclusion me fournit aussi un moyen de déjouer les précautions du comte, — ou, en d’autres termes, d’entendre ce que lui et sir Percival avaient à se dire, sans hasarder, en aucune façon, de descendre au rez-de-chaussée du château.

En parlant de la distribution donnée à ces appartements inférieurs, je crois avoir mentionné incidemment la « verandah » placée à l’extérieur et sur laquelle ouvraient toutes les pièces, au moyen des portes-fenêtres « à la française ». Le toit de cette verandah était plat ; les eaux de pluie y trouvaient pour s’écouler des tuyaux qui menaient aux citernes destinées à l’approvisionnement du château. Sur cette toiture étroite et garnie de plomb, — qui courait au-dessus de toutes les chambres du premier étage, et ne devait guère se trouver, pensais-je,