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— Prenez soin, demain matin, de ne pas arriver trop tard à la station, continuai-je. Et quand vous verrez la femme de charge de Limmeridge, dites-lui, tout en la complimentant de ma part, que vous êtes à mon service jusqu’à ce que lady Glyde ait pu vous reprendre au sien. Nous nous retrouverons peut-être plus tôt que vous ne pensez. Ainsi donc, gardez bon courage, et ne manquez pas le train de sept heures.

— Merci, miss, merci mille fois ! D’entendre votre bonne voix, cela vous remet le cœur. Veuillez présenter mes respects à milady, et lui dire que, pour le temps qui m’a été laissé, j’ai mis les choses en aussi bon ordre que possible… Oh ! mon Dieu ! mon Dieu !… qui donc l’habillera aujourd’hui pour le dîner ?… Tenez, miss, quand j’y pense, cela me navre…

Lorsque je rentrai au château, il ne me restait guère plus d’un quart d’heure, et pour ma toilette du dîner, et pour échanger, avant de descendre, quelques mots avec Laura.

— Les lettres sont dans les mains de Fanny, lui dis-je tout bas, en passant devant sa porte… Comptez-vous dîner avec nous ?

— Oh ! non, non, — pour rien au monde !

— Serait-il arrivé quelque chose ?… Quelqu’un vous aurai-t-il encore effrayée ?

— Oui, tout à l’heure ; sir Percival…

— Est-ce qu’il est entré chez vous ?

— Non, il m’a fait peur en heurtant à la porte : — Qui est là ! ai-je demandé. — Vous le savez, m’a-t-il répondu. Vous déciderez-vous à me dire le reste ? Il le faudra bien !… Tôt ou tard, je vous arracherai ce secret… Vous savez où est présentement Anne Catherick ! — En vérité, en toute vérité, je l’ignore. — Vous le savez, a-t-il répliqué. Mais, prenez garde ! je viendrai à bout de votre entêtement ! Je vous arracherai ce que je veux savoir !… Sur ces mots, il s’en est allé… Il s’en est allé, Marian, il y a tout au plus cinq minutes…