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— Aucune dont je me souvienne.

— N’aurait-elle pas fait mention d’une compagne, d’une amie ?… d’une femme qu’on appelle mistress Clements ?

— Oh ! oui ! oui !… J’oubliais ce détail. Elle m’a dit que mistress Clements se plaignait de ne pas l’accompagner au lac pour veiller sur elle, la priant et la suppliant de ne pas se hasarder seule dans ces environs.

— Est-ce là tout ce qu’elle a dit de mistress Clements ?

— Oui, c’est tout.

— Et n’a-t-elle rien ajouté sur l’endroit où elle se réfugia quand elle quitta Todd’s-Corner ?

— Rien. J’en suis parfaitement sûre.

— Ni sur les résidences qu’elle a eues depuis ? ni sur ce qu’a été sa maladie ?

— Non, Marian, pas un mot. Dites-moi, je vous en prie, ce que vous pensez de tout ceci. Je ne sais qu’en penser moi-même ; je ne sais que faire.

— Voici, sœur aimée, ce que vous ferez : vous irez demain à l’embarcadère, ainsi qu’il a été convenu. On ne saurait dire de quel intérêt peut être votre seconde entrevue avec cette femme. Vous ne serez pas, cette fois, abandonnée à vous-même. Je vous suivrai à bonne distance ; personne ne me verra, mais, en cas d’accident, je me tiendrai à portée de votre voix. Anne Catherick échappa naguère à Walter Hartright ; hier encore, elle vous a échappé. Quoi qu’il arrive, elle ne m’échappera pas, à « moi »…

Les yeux de Laura lisaient attentivement dans les miens.

— Vous croyez, dit-elle, à ce secret dont mon mari aurait peur ? Supposons, Marian, qu’il n’existât, après tout, que dans l’imagination d’Anne Catherick ; supposons qu’elle désirât seulement me voir et me parler, en vertu de ces vieux souvenirs qui lui semblent chers ? Son attitude était si étrange, qu’elle m’a presque donné des méfiances. Est-ce que, sur d’autres points, vous vous en rapporteriez à cette femme ?