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— Avez-vous essayé de sauver le pauvre animal ? demanda Laura, vivement intéressée. Bien certainement, Marian, vous aurez tenté de le guérir ?

— Oui ! dis-je ; la femme de charge, et moi nous avons fait de notre mieux ; — mais la blessure était fort grave, et le chien est mort dans nos mains.

— À qui ce chien ? reprit sir Percival, réitérant sa question avec un peu d’impatience. Était-ce un des miens ?

— Non, il ne vous appartenait pas.

— À qui, alors ? La femme de charge le savait-elle ?…

Au moment où il m’adressait cette question, je me souvins du désir exprimé par mistress Catherick à la femme de charge, et dont celle-ci m’avait fait part, — qu’on voulût bien tenir cachée à sir Percival la visite faite par elle à Blackwater-Park ; aussi commençais-je à craindre qu’il ne fût indiscret de répondre. Mais, dans mon désir d’apaiser l’alarme générale, je m’étais laissée emporter trop loin pour revenir sur mes pas, du moins sans courir le risque d’éveiller des soupçons qui peut-être empireraient les choses. Il n’y avait donc plus qu’à m’expliquer immédiatement, et sans tenir compte des résultats.

— Certainement, dis-je. La femme de charge le savait. Elle m’a conté que c’était le chien de mistress Catherick…

Sir Percival était jusqu’alors resté, avec le comte Fosco, dans le fond de la hutte, tandis que je lui répondais, du dehors, par la porte ouverte. Mais, au moment même où le nom de mistress Catherick eut franchi mes lèvres, il écarta rudement le comte, et vint se placer en face de moi, debout, en pleine lumière.

— Comment la femme de charge en est-elle venue à savoir que c’était le chien de mistress Catherick ? demanda-t-il, fixant ses yeux sur les miens, et fronçant les sourcils avec une attention irritée, qui, tout en me causant une espèce d’effroi, m’impatientait aussi quelque peu.

— Elle le savait, dis-je assez calme, parce que mistress Catherick avait amené ce chien.