Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/311

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à genoux, se mit à regarder, avec une attention particulière, un endroit du sol qui était immédiatement sous ses yeux.

Quand il se releva, sa main tremblait si fort, qu’il put à peine mettre la souris en cage, et sur toute sa figure une pâleur livide s’était répandue.

— Percival ! disait-il à voix basse, Percival, venez ici !…

Sir Percival, depuis dix minutes, ne faisait pas attention à aucun de nous. Il était uniquement occupé à tracer des chiffres sur le sable, et à les effacer ensuite avec la pointe de son bâton.

— Qu’avez-vous, à présent ? demanda-t-il, entrant négligemment sous le vieil embarcadère.

— Est-ce que vous ne voyez rien, là ? dit le comte, qui d’une main l’avait saisi au collet par un mouvement nerveux, et de l’autre, lui montrait l’endroit voisin de celui où il avait trouvé la souris.

— Je vois beaucoup de sable sec, répondit sir Percival, et, tout au milieu, comme une tâche de boue.

— Ce n’est pas de la boue, murmura le comte, qui venait de porter brusquement son autre main au collet de sir Percival, et dans son agitation le secouait assez fort : — c’est du sang !…

Laura était assez près pour saisir ce dernier mot, si bas qu’il eût été prononcé. Elle se retourna vers moi, et son regard exprima la terreur.

— Niaiseries, lui dis-je, ma chère enfant ! Vous auriez tort de vous alarmer… Ce sang est tout bonnement celui d’un pauvre petit chien égaré…

La surprise fut générale, et les regards de chacun, dirigés vers moi, semblaient m’interroger.

— Comment le savez-vous ? demanda sir Percival, parlant le premier.

— J’ai trouvé ici ce chien à l’agonie, lui répondis-je, le jour même où vous êtes tous arrivés de l’étranger. La pauvre bête s’était fourvoyée dans la plantation, et votre garde lui avait tiré un coup de fusil.

— À qui était ce chien ? continua sir Percival. Pas à moi j’imagine ?