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tright ! déjà me font faute, et ses loyaux avis, et son aide toujours prête.

Bien certainement, j’ai entendu quelque chose… N’était-ce qu’un bruit de pas sur l’escalier ?… Non ! ce sont bien les fers des chevaux ; je reconnais le bruit des roues…


II


« 13 juin. » — Le tumulte de l’arrivée a eu le temps de se calmer. Deux jours entiers ont passé, depuis le retour de nos voyageurs ; et cet intervalle a suffi pour organiser le mécanisme nouveau de l’existence que nous allons mener à Blackwater-Park. Je puis maintenant revenir à mon « Journal » avec quelques petites chances d’y noter comme d’ordinaire, à tête reposée, les incidents qui en valent la peine.

Je puis bien commencer, je crois, par y consigner une remarque assez bizarre qui s’est présentée à mon esprit depuis le retour de Laura.

Lorsque, deux membres de la même famille ou deux amis intimes venant à se séparer, l’un d’eux voyage au dehors tandis que l’autre reste à la maison, le retour du parent ou de l’ami qui a couru les grandes routes semble toujours placer dans une condition désavantageuse, au moment de leur première réunion, celui qui n’a pas bougé. Le choc soudain des pensées et des habitudes nouvelles, activement acquises d’un côté, avec les idées et les coutumes d’autrefois, passivement conservées de l’autre, semble, au premier abord, gêner les sympathies de ceux-là même qui s’aiment le mieux, et dresser entre eux, fort à l’improviste pour l’un et l’autre, et sans que l’un ou l’autre puisse y remédier, je ne sais quelle barrière qui change complètement leurs rapports et les fait étrangers l’un à l’autre. Lorsque la première joie que j’éprouvai en revoyant Laura se fut donné carrière, et