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bien que de sa compagne, mistress Clement. Ni de l’une ni de l’autre, on ne sait rien. On ignore si elles sont encore dans le pays ou à l’étranger, vivantes ou mortes. Même le « solicitor » de sir Percival a perdu toute espérance, et abandonné complètement les poursuites dont cette pauvre fugitive était l’objet.

Notre excellent ami, M. Gilmore, a vu bien tristement interrompre l’activité assidue qu’il déployait dans sa profession. Au commencement du printemps, l’effrayante nouvelle nous est arrivée qu’on l’avait trouvé sans connaissance devant son bureau, et qu’une attaque d’apoplexie était, au dire des médecins, la cause de cet évanouissement. Il se plaignait depuis longtemps de plénitude et d’oppression dans la tête ; et le docteur qui le soigne l’avait mis en garde contre les conséquences probables de sa persistance à travailler, du matin au soir, comme s’il était encore un jeune homme. Le résultat de sa désobéissance, à cet égard, c’est qu’il lui est, aujourd’hui, formellement interdit de mettre le pied dans son cabinet, pour le moins d’ici à la fin de l’année, et qu’il lui faut s’imposer un grand repos de corps, une paix d’esprit absolue, en changeant du tout au tout sa manière de vivre. En conséquence, les affaires dont il avait la direction seront désormais conduites par son associé ; et lui-même, pour le présent, parcourt l’Allemagne, en visite chez quelques parents établis dans ce pays, où ils font le commerce. Ainsi se trouve perdu pour nous, — perdu provisoirement, je le désire et l’espère avec ardeur, — un autre véritable ami, un conseiller digne de toute confiance.

La pauvre mistress Vesey est venue avec moi jusqu’à Londres. Nous ne pouvions l’abandonner toute seule, à Limmeridge, du moment où Laura et moi n’habitions plus le château ; et nous avons réglé qu’elle vivra désormais avec une sœur cadette, non mariée, qui tient une école à Clapham. Elle viendra, cet automne, visiter son élève, — je pourrais presque dire sa fille adoptive. J’ai eu soin de conduire moi-même, jusqu’à destination, l’excellente vieille dame ; et je l’ai remise, saine et sauve, aux soins de sa parente ; la perspective de revoir Laura, d’ici à quel-