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informée de ma visite à M. Fairlie. Ma sœur me questionna immédiatement sur ce qu’on avait eu à me dire : et je lui racontai tout ce qui s’était passé, sans essayer de lui cacher la contrariété, le chagrin que j’éprouvais réellement. Sa réponse me surprit et me peina au-delà de toute expression. C’était bien la dernière que j’eusse attendue de cette chère enfant.

— Mon oncle a raison, dit-elle. Je vous ai causé à vous, et à tous ceux qui me portent quelque intérêt, bien assez de troubles et d’anxiétés, il est temps que cela cesse, Marian ; — laissons sir Percival régler les choses à sa guise…

J’essayai quelques chaleureuses remontrances ; mais rien de ce que je pus dire ne fit impression sur elle.

— Je suis liée par ma promesse, répondait-elle ; j’ai rompu définitivement avec mon ancienne existence. À quoi servirait de reculer les mauvais jours puisqu’ils doivent arriver à coup sûr. Non, Marian ! encore une fois, mon oncle a raison. Assez de troubles, assez d’inquiétudes sont venus de moi ; je n’en veux pas occasionner davantage…

D’ordinaire, elle était la complaisance même ; mais je la trouvai inébranlable dans sa résignation passive, — je pourrais presque dire dans son désespoir. L’aimant comme je fais, j’aurais été moins peinée de la voir en proie à quelque agitation violente ; la froide insensibilité dont, pour la première fois, elle me rendait témoin, contrariait toutes les idées que je m’étais faites, toute l’expérience que j’avais de son impressionnable et douce nature.

« 12 novembre. » — Sir Percival, au déjeuner, m’a fait, relativement à Laura, certaines questions qui ne me permettaient pas de lui laisser ignorer ce qu’elle avait dit.

Pendant que nous causions, elle-même est descendue pour se joindre à nous. Son calme forcé ne s’est pas plus démenti en présence de sir Percival qu’il ne s’était démenti devant moi. À l’issue du déjeuner, il a