Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.

telle le lecteur l’apprendra. De l’exposition au dénoûment, aucune circonstance essentielle ne sera rapportée d’après un simple ouï-dire. Lorsque celui qui écrit cette espèce d’introduction (il se nomme Walter Hartright) sera plus intimement en jeu que tout autre personnage dans les événements qu’il s’agit de faire connaître, il les relatera en son nom. Dès qu’il cessera de pouvoir parler avec cette certitude, il abandonnera son rôle de narrateur, et sa tâche sera continuée (du point où il l’aura laissée à celui où il la pourra reprendre) par d’autres personnages aussi étroitement impliqués dans les faits à rapporter, et pouvant fournir sur ces faits un témoignage aussi précis, aussi positif que le sien l’avait été jusque-là.

Ainsi, et de même que toute offense aux lois est racontée en cours de justice par plusieurs témoins, le présent récit émanera de plusieurs plumes ; et cela, dans le même but, à savoir : que la vérité soit toujours présentée sous son aspect le plus clair, le plus intelligible, et qu’une série d’événements, formant un tout, soit éclairée du jour le plus vif, les personnes qui s’y sont trouvées le plus étroitement mêlées fournissant, l’une après l’autre, à mesure que chaque épisode successif se présente, le fidèle récit de la part qu’elles y ont eue.

Écoutez donc tout d’abord Walter Hartright, professeur de dessin, âgé de vingt-huit ans.


II


Nous voici au dernier jour de juillet. Les longues chaleurs de l’été tiraient à leur fin ; et fatigués de nos pèlerinages sur le pavé de Londres, nous commencions tous à rêver la nuée voyageuse qui passe sur les champs de blé, la brise d’automne courant sur le rivage marin.

En ce qui me concerne, moi, pauvre hère, l’été près de finir me laissait assez peu valide, médiocrement gai, puis, enfin, s’il faut tout dire, aussi dépourvu d’argent