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Sur l’allée de la terrasse exposée au couchant, je rencontrai M. Gilmore. Il me cherchait, évidemment, car il hâta le pas dès que nous nous aperçûmes. Je n’étais pas dans une situation d’esprit qui me rendît particulièrement agréable de me rencontrer avec un inconnu. Mais cette conférence était à peu près inévitable, et je n’avais plus qu’à en tirer le meilleur parti possible.

— Vous arrivez fort à propos, me dit le vieux gentleman. J’ai, mon cher monsieur, deux mots à vous dire, et, si vous n’y voyez pas d’inconvénient, je profiterai de l’occasion qui s’offre. Pour abréger les préliminaires, je vous dirai que miss Halcombe et moi nous venons de traiter certaines affaires de famille, — les affaires qui m’ont amené ici, — et, dans le cours de notre conversation, elle en est tout naturellement venue à me parler, tant de ces détails désagréables auxquels se rattache la lettre anonyme, que de la part, très-honorable et très-convenable, prise par vous dans ce qui a été fait jusqu’ici. Cette coopération, je le comprends à merveille, doit vous faire prendre un intérêt très-vif, qu’en d’autres circonstances vous n’auriez pas ressenti, à savoir en bonnes mains la direction de l’enquête par vous commencée. Soyez parfaitement tranquille sur ce point, mon cher monsieur ; cette enquête est désormais mon affaire.

— Vous êtes, sous tous les rapports, monsieur Gilmore, bien plus capable que moi de conseiller et d’agir en une matière si délicate. Jugeriez-vous indiscret de ma part de vous demander si vous avez arrêté la marche que vous comptez suivre ?

— En tant qu’on puisse l’arrêter dès à présent, monsieur Hartright, elle est arrêtée. Je compte envoyer une copie de la lettre, avec un exposé détaillé des circonstances y relatives, à l’avocat de sir Percival Glyde, un de mes confrères de Londres, que je connais quelque peu. Je garderai ici la lettre elle-même en original, pour la montrer à sir Percival Glyde, aussitôt son arrivée. J’ai déjà pourvu aux moyens de retrouver les deux femmes, en envoyant un des serviteurs de M. Fairlie, — un homme de confiance, — chargé de prendre des renseignements à