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Vous pourriez, miss Halcombe, lui parler dès que nous serons rentrés…

Ce conseil fut suivi aussitôt notre arrivée au château. Miss Halcombe me conduisit du côté des communs où, dans la laiterie, nous trouvâmes la jeune fille, ses manches retroussées jusqu’à l’épaule, nettoyant une ample terrine, et accompagnant son travail d’une joyeuse chanson.

— Hannah, lui dit miss Halcombe, j’ai amené ce gentleman pour voir votre laiterie… C’est une des curiosités du château, et la manière dont vous la tenez vous fait honneur…

Cette fille, étonnée et rougissante, répondit, avec une révérence timide, qu’elle donnait tous ses soins à la propreté des objets qui lui étaient confiés.

— Nous arrivons de chez votre père, continua miss Halcombe ; vous y étiez hier soir, à ce que j’ai ouï-dire ; et vous y aviez des visites ?

— Oui miss.

— Une de ces personnes s’est trouvée mal, m’a-t-on dit ? Je suppose, pourtant, qu’on n’a rien conté ou rien fait qui pût l’effrayer. Vous ne parliez, sans doute, d’aucune circonstance bien terrible, n’est-il pas vrai ?

— Oh ! non, miss, dit la fillette en riant, on se disait, tout bonnement, les nouvelles.

— Vos sœurs, j’imagine, vous donnaient celles de Todds’s-Corner ?

— Oui, miss.

— Et vous leur disiez celles de Limmeridge-House ?

— Oui, miss, et je suis bien sûre que rien n’a été dit pour effrayer la pauvre créature, car c’est moi qui parlais au moment où son mal l’a prise. Ça m’a donné un coup de la voir, miss, n’ayant jamais, moi-même, perdu connaissance…

Avant qu’on eût pu lui adresser d’autres questions, elle fut appelée à la porte de la laiterie pour recevoir un panier d’œufs. Au moment où elle s’éloignait de nous, je dis, penché à l’oreille de miss Halcombe :

— Demandez-lui si, par hasard, elle a parlé, hier soir, des visiteurs attendus à Limmeridge-House…