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blement, à la tâche, déjà bien assez dure, de former les jeunes intelligences que fournit Limmeridge : — je souhaite, monsieur Dempster, que vous vous en tiriez à votre honneur. D’ici là, je vous dirai, si vous le permettez, pourquoi je suis venue et ce que j’attends de vous…

Elle fit ensuite à l’instituteur la question que nous avions déjà posée à presque tous les autres habitants du village. Elle reçut la même décourageante réponse. M. Dempster n’avait pas aperçu l’inconnue sur la trace de qui nous marchions ensemble.

— Nous ferions aussi bien de rentrer, monsieur, me dit miss Halcombe ; nous ne trouverons pas, bien évidemment, les indices que nous cherchons…

Elle avait déjà salué M. Dempster, et allait quitter la salle d’études, lorsque l’attitude désolée de Jacob Postlethwaite, pleurnichant amèrement sur le tabouret de pénitence, attira son attention au moment où elle passait devant lui, et la fit s’arrêter un instant pour lui adresser quelques paroles de consolation.

— Pourquoi donc, petit nigaud, lui dit-elle, pourquoi ne pas demander pardon à M. Dempster, et ne plus parler du fantôme ?

— Heu ! — mais je l’ai vu, le fantôme ! s’obstinait à dire Jacob Postlethwaite, avec un éclat de larmes et des regards tout effarés.

— Sottises !… vous n’avez rien vu de pareil… Un fantôme !… et quel fantôme a jamais…

— Pardon, miss Halcombe, interrompit l’instituteur, tant soit peu déconcerté ; peut-être vaudrait-il mieux ne pas questionner cet enfant ; l’obstination avec laquelle il s’entête dans sa ridicule fable, passe vraiment toute croyance, et vous pourriez l’amener, sans qu’il le sût, à…

— À quoi ? interrompit miss Halcombe, avec une certaine vivacité.

— À blesser, sans le savoir, votre sensibilité, dit M. Dempster, qui semblait de plus en plus mal à l’aise.

— Sur ma parole, M. Dempster, vous faites grand honneur à ma sensibilité en la croyant susceptible d’être