Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je lui ouvris la porte sans rien répliquer, et je la suivis au dehors. Elle ne m’avait point convaincu. L’ange lui-même qui tient les registres du greffe céleste serait descendu d’en haut pour ouvrir son livre devant mes faibles yeux, qu’il ne m’aurait pas convaincu davantage.

Nous trouvâmes le jardinier à son travail quotidien ; mais nous eûmes beau le questionner, aucune réponse de quelque valeur ne put être arrachée à l’impénétrable stupidité de ce gamin. La femme qui lui avait remis la lettre était vieille ; elle ne lui avait pas adressé une seule parole ; elle s’en était allée en grande hâte dans la direction du midi. Voilà tout ce que nous pûmes tirer du jardinier.

Le village était situé au midi du château. Par conséquent, ce fut vers le village que nous nous rendîmes ensuite.


XII


Notre enquête à Limmeridge fut patiemment suivie dans toutes les directions, et parmi des gens de toute espèce, de toute condition. Mais nous n’en obtînmes rien. Trois des habitants nous affirmèrent, à la vérité, qu’ils avaient vu la femme en question ; mais, comme ils ne purent ni en donner le signalement, ni s’accorder sur l’exacte direction qu’elle suivait au moment où, pour la dernière fois, ils l’avaient observée, ces trois brillantes exceptions à la règle d’ignorance ne nous fournirent, en réalité, aucune assistance particulière.

Le cours de nos inutiles investigations finit par nous conduire jusqu’à cette extrémité du village où étaient situées les écoles fondées autrefois par mistress Fairlie. En passant à côté du bâtiment destiné aux garçons, j’insinuai qu’il serait peut-être bon de questionner le maître d’école, auquel, en vertu de son office, nous devions