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la situation que, d’avance, je leur avais assignée ; et quand ils entraient en scène, elle leur fournissait une nouvelle occasion de se manifester, par l’intermédiaire de ce témoignage écrit qu’ils étaient censés fournir à une sorte d’enquête, et qui, en même temps, constituait la progression naturelle du récit. Tels étaient les avantages réels de l’expérience que je tentais dans ce roman ; elle me plaçait sous le joug le plus rigoureux de la discipline littéraire. Mon livre et moi ne pouvions qu’y gagner.

Maintenant que j’ai brièvement indiqué les circonstances auxquelles la « Femme en blanc » doit d’avoir vu le jour, il serait, je pense, inutile d’arrêter le lecteur par des remarques préliminaires sur le but dramatique vers lequel je tendais en l’écrivant, ou sur les problèmes du caractère humain que, soit dans la conception primitive du livre, soit dans ses développements, je me suis proposé de résoudre. À ce double point de vue, le livre lui-même, — nonobstant ses défauts et ses lacunes — est assez intelligible pour n’avoir pas besoin de commentaires. Le peu de mots qui me restent à dire n’aura donc trait qu’à la manière dont ce roman a été reçu déjà, soit en Angleterre, soit en Amérique.

Avant que la publication périodique de la « Woman in White » (à Londres et à New-York, simultanément) se fût encore étendue à un grand nombre de semaines, la nouveauté du plan sur lequel je travaillais s’était fait reconnaître et avait fixé l’attention. Après l’apparition de chaque numéro du journal, il m’arrivait de tous côtés des témoignages écrits de la curiosité, de l’intérêt que mes lecteurs voulaient bien m’accorder, soit en Angleterre, soit au Canada, et jusque dans ces « Backwood-settlements, » ces germes de villages futurs, déposés sur l’extrême limite de la civilisation américaine ; à plus forte raison dans les grandes cités de ce qui était, hier encore, la République des « États-Unis… » Les person-