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C’ÉTAIT ÉCRIT !

n’a reçu, que je sache, aucune mission politique. J’espère apprendre prochainement son mariage, si la plus jolie et la plus excentrique des misses anglaises consent à agréer ses vœux ; en somme, tout cela ne me semble pas effrayant ?

— J’entends seulement parler, monsieur, de votre autre neveu. »

Sir Giles fit un mouvement de corps en arrière, s’esclaffa de rire, puis s’écria :

« Allons donc ! Arthur en danger ! lui, le garçon le plus inoffensif du monde. Le seul reproche qu’on lui puisse adresser, c’est de perdre son argent à faire de l’agriculture à Kerney.

— Mais, je vous ferai remarquer, se hâta de dire Denis, qu’à l’heure qu’il est, personne ne voudrait recevoir de l’argent de sa main. J’ai rencontré hier au marché des amis de M. Arthur. Votre neveu est boycotted !

— Ma foi, tant mieux ! s’écria l’obstiné banquier ; cela le guérira de faire de l’agriculture envers et contre tous. C’est par trop bête ! De guerre lasse, vous verrez qu’il finira par venir occuper la place que je lui destine dans mon bureau.

— Que le ciel vous entende ! » s’écria Denis avec chaleur.

Cette exclamation produisit sur sir Giles un grand effet.

Regardant son interlocuteur avec étonnement, il reprit d’un ton interrogateur :

« Pour l’amour de Dieu, avez-vous appris quelque chose que vous m’ayez caché ?

— Non pas, mais je me rappelle simplement un fait que vous avez, je crois — pardonnez la liberté grande, — totalement oublié.

« Le dernier fermier à Kerney est parti en mettant la clef sous la porte. En conséquence, M. Arthur a dû prendre une ferme evicted. J’ai donc la conviction bien arrêtée, poursuivit le maître clerc en s’échauffant, que la personne qui vous a écrit ces lettres, connaît M. Arthur, sait pertinemment que votre neveu court des dangers, et essaie de lui sauver la vie — en faisant appel à votre influence, — au risque de compromettre sa propre sécurité. »

Secouant la tête, sir Giles reprit :

« Voilà ce que j’appelle chercher midi à quatorze heures !