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C’ÉTAIT ÉCRIT !

orthographiés. Voici en quels termes l’expéditeur s’adressait à sir Giles : « Je tiens à vous remercier, monsieur, de vous être conformé aux conditions que je vous ai dictées. Désormais, je ne saurais suspecter votre bonne foi. Toutefois, il est possible que vous hésitiez à accorder votre confiance à quelqu’un qui ne peut vous mettre dans le secret de ses confidences. La position périlleuse où je suis placé m’oblige à attendre encore deux ou trois jours avant de vous fixer un rendez-vous. Surtout, prenez patience et, sous aucun prétexte, ne demandez aide et protection à la police. »

« Ces derniers mots, déclara sir Giles, sont concluants. En réalité, plus tôt je serai sous la protection de la loi, mieux cela vaudra. Portez ma carte aux bureaux de la police.

— Puis-je auparavant vous dire un mot, monsieur ?

— Quoi ? cela signifie que vous ne partagez pas mon opinion ?

— Parfaitement.

— En conscience, Denis, vous êtes entêté comme un casque et votre obstination augmente tous les jours. Voyons, tâchons d’éclaircir l’affaire. Quelle est, d’après vous, la personne que désignent ces diablesses de lettres ? »

Le maître clerc lut la phrase du commencement : « sir Giles Montjoie, j’ai à vous faire une communication qui intéresse au plus haut degré l’un des membres de votre famille ». Denis répéta ces mots d’un ton emphatique et en articulant bien chaque syllabe : l’un des membres de votre famille ? Son patron, l’air ébahi, fixait sur lui des yeux hagards.

« L’un des membres de ma famille ? répétait-il de son côté. Que diable ! je suis un vieux célibataire endurci et je ne me connais pas de famille.

— Mais vous avez un frère, monsieur ?

— Il est en France, loin, bien loin des misérables qui me poursuivent de leurs menaces. Ah ! que ne suis-je avec lui plutôt qu’ici !

— Il ne faut pourtant pas, non plus, sir Giles, oublier les deux fils de votre frère, dit le clerc d’un ton calme.

— Même de ce côté, rien ne peut, je le sais, me donner la moindre inquiétude. Mon neveu Hugues est à Londres et