lettre que vous avez vue sur mon lit, quand je vous ai mandé pour la première fois. Je l’ai trouvée sur ma table à mon réveil, et j’ignore qui l’y a mise. Veuillez en prendre connaissance. »
Denis lut ce qui suit :
« Sir Giles Montjoie, j’ai à vous faire une communication qui intéresse au plus haut degré l’un des membres de votre famille ; mais avant de rien révéler, il me faut une garantie de votre bonne foi. En conséquence, je vous prie de remplir les conditions suivantes et cela au plus vite. Je n’ose vous donner ni mon adresse, ni signer mon nom, car la moindre imprudence de ma part pourrait avoir des conséquences fatales pour l’ami dévoué qui écrit ces lignes. Si vous dédaignez de prendre cet avis en considération, vous le regretterez toute votre vie. »
Inutile de rappeler les conditions auxquelles la lettre faisait allusion ; elles avaient été remplies le jour de la découverte de l’objet cité plus haut. Primo : le tesson derrière la borne milliaire ; sccondo : la feuille perforée entre les pages de l’histoire de Gibbon !
Sir Giles, un nuage au front, avait déjà conclu qu’il s’agissait d’un complot contre sa vie et peut-être aussi contre sa caisse. Le maître clerc en homme avisé, désignant du doigt le papier perforé et le grimoire illisible reçu le matin, s’écria :
« Ah ! si nous pouvions réussir à déchiffrer le tout, vous seriez mieux fondé à débrouiller les choses et à les tirer au clair.
— C’est juste ; mais qui peut être assez habile pour cela ? dit le banquier.
— En tout cas, j’essaierai, monsieur, si vous m’autorisez à tenter la chose. »
Sans sonner mot, sir Giles fit un signe de tête affirmatif. Trop prudent pour dévoiler d’emblée l’information qu’il avait préalablement obtenue, Denis ne se décida qu’après plusieurs tentatives à faire sa communication à qui de droit.
Prenant la feuille perforée, il la plaça délicatement sur la page couverte de caractères illisibles : mots et phrases parurent alors au travers des trous, très correctement écrits et