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qu’un moment de frayeur, et une poignée de foin ou de pailla. » Marguerite et son maître remercièrent le curé et rentrèrent à la maison. La jeune fille ne songea plus à la fête, passa la soirée en prières et la nuit sans dormir. Dès que le jour parut, elle se leva, sans lier son jupon, ni rien qui touchât à son corps, se rendit à la grange, où elle vit entrer, un instant après elle, celui qui, la veille, lui avait rendu un si dangereux service. Mais il avait changé de costume. C’était le diable en personne, avec ses cornes, sa barbe de bouc, sa longue queue, ses pattes d’oie et ses griffes. Elle frissonna de tous ses membres à la vue de ce renégat ; et se hâta de lier en tremblant une petite botte de paille d’orge, qu’elle eut à peine la force de jeter au nez du noir démon.