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cœurs se resserrent, et l’homme, devenu insensible, ne voit plus que ses propres besoins. La compassion meurt même dans l’homme qui a un cœur ; et tel est humain dans les jours de l’abondance, qui laisse mourir le pauvre quand le temps est venu de lui tendre une main secourable. Le frère de Claude, le malheureux Antoine, pressé par les besoins, et plus encore par la voix de la nature par les cris déchirans de son père, qu’il voit descendre dans la tombe nu milieu des horreurs de la faim, Antoine se hasarda à aborder son frère, qui ne le voyait qu’avec peine depuis long-temps. Il lui exposa sa misère, et chercha à attendrir son cœur ; mais ce cœur endurci ne pouvait plus s’amollir par des larmes, il repoussa dédaigneusement Antoine, en lui disant qu’il ne pouvait rien pour lui. En vain le frère