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comme son épée, beau comme Adonis, doué d’un cœur noble et sensible, et admiré partout pour ses vertus et son mérite : c’était le comte de Poitiers. Il avait vingt-huit ans ; et, depuis plusieurs années, il soupirait le parfait amour pour la belle et douce Léontine de Nevers. Quand on fait l’amour aujourd’hui, on se voit, on compare les fortunes, on s’épouse, et tout est dit. On n’allait pas si vite sous nos bons aïeux. On voulait se connaître, s’estimer, se prouver un amour mutuel, se mériter réciproquement ; et quoiqu’un peu lente, cette méthode valait bien l’étourderie moderne. Le comte de Poitiers avait couru les aventures, pourfendu des géans, assommé des monstres, exterminé des tyrans, délivré des pucelles, et il ne se croyait pas digue encore de Léontine.