Page:Collin de Plancy - Les contes noirs - T1.djvu/44

Cette page n’a pas encore été corrigée

28


on pourrait agir un peu moins rudement. » Tout en parlant ainsi, il s’approcha de la table, qui s’éloigna de lui. Il resta tout stupéfait de ce prodige, et courut après le joli souper, qui faisait le tour de la chambre, sans qu’il sût comment, s’arrêtant dès que l’officier s’arrêtait, et fuyant devant lui dès qu’il s’avançait. Après avoir poursuivi ainsi la table et les mets qu’elle portait, pendant une demi-heure, il envoya tout au diable, et s’assit tout essoufflé sur une chaise, jurant bien comme un vieux suisse. Alors la table vint d’elle-même se placer entre ses jambes : les mets se découpèrent et descendirent sur son assiette ; le vin se versa dans son verre, le tout par des mains invisibles. « Allons, dit-il, il faut oublier le passé ; il parait que ces êtres-là aiment