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TRENTE POÉSIES RUSSES


Des bruits d’ailes, des chants d’oiseaux, flottant murmure,
Enchantaient le repos de cette nuit si pure,
Plus belle qu’un beau jour ;
Et nous sentions en nous, dans une double ivresse,
Souriants et bénis, palpiter la jeunesse
Et s’éveiller l’amour.

Regardant l’avenir avec insouciance,
Nous marchions, le front haut, joyeux, sans méfiance,
Sans trouble dans le cœur ;
Nous formions des projets sans limite et sans nombre.
L’hiver, que nous savions vaguement triste et sombre,
Ne nous faisait point peur !

Et maintenant, où donc, où donc s’en sont allées
Les limpides clartés de ces nuits constellées
Et leurs molles senteurs ?
Où s’est enfui l’essaim volage de nos rêves ?
Et quel vent a soufflé sur les chimères brèves
De nos espoirs menteurs ?