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TRENTE POÉSIES RUSSES


Par le balancement de l’orchestre assouplie,
Ta taille était charmante et, je ne sais pourquoi,
Un nuage de grâce et de mélancolie
Me semblait vaguement flotter autour de toi.

Tu riais, cependant ; et l’éclat de l’aurore
Est moins frais et moins gai que ton rire moqueur…
Oh ! ce rire d’enfant, je crois l’entendre encore ;
Ce rire ! je l’entends à jamais dans mon cœur !

Depuis ce temps, à l’heure où, triste et solitaire,
Je cherche sur ma couche un repos qui me fuit,
Un incessant murmure, à travers un mystère,
Ressemblant à ta voix, me parle dans la nuit ;

Et je vois deux beaux yeux candides qui, sans trêve,
Brillent comme j’ai vu les tiens briller, un jour ;
Une forme pareille à toi passe en mon rêve…
Je ne sais, mais je crois que c’est cela l’amour !