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Ô nuit, ô ciel, j’ai parfois oublié le châtiment, à voir passer les grandes comètes de feu et monter, souveraine, la lune.

Je croyais marcher vers vous, vers ce lac sombre où flottaient des fleurs d’or.

Si haut, parmi les pierres luisantes, je voyais les étoiles qui sortaient des horizons et m’entouraient de leurs rondes.

La volupté du vertige m’enivrait ; je goûtais déjà l’ivresse tourbillonnante de tomber parmi les mondes et les paradis, avec mes mains accrochées à mon rocher, de tomber toujours, toujours, jusqu’au fond de l’infini.

Ainsi j’arrivais au plateau et ma pierre roulait seule. Alors je la voyais, comme une bête bondissante, escalader les aiguilles de granit, pénétrer dans les groupes de