Page:Collin - Sisyphe et le Juif errant, 1914.djvu/56

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Merci, fugitives Hamadryades, qui unissiez vos chevelures de feuillage pour faire l’ombre fraîche comme la pluie, quand midi brûlait les ronces au flanc des roches.

Merci pour cet abri que vous tendiez encore contre l’orage glacé et contre la bise.

Nymphes des fontaines vives et des torrents joyeux, vous avez caressé les pieds sanglants de Sisyphe, et souvent, lorsque, glissant sur vos mousses, je tombais, le dos blessé au choc de ma pierre, vous avez jusqu’à ma bouche et sur mon front et sur mes plaies jeté l’eau claire de vos sources.

Mon pied quelquefois, près des chênes de la forêt, trébucha dans des racines noueuses ; c’était, j’en suis certain, les jambes de Pan qui dormait, au milieu du chœur des nymphes.