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vallée au sommet, une suite de trous ; regarde, mon caillou est taillé par mes doigts ; ma chair et mes os sont plus durs que la pierre.

LE JUIF.

Oui, tu es un géant, Sisyphe ; mais tu n’auras pas, comme moi, la haine de Dieu qui me soutenait contre les saisons, contre l’eau, contre le feu, contre la volupté et qui me fit, moi vieillard, plus fort que toi. Ce Dieu-là est mort.

SISYPHE.

Et laisse là ton Dieu mortel ; tous les miens sont ici vivants et je ne les crains plus depuis que je veux une chose et que je me suis senti puissant.