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j’ai marché parmi les mourants qui s’accrochaient à mon manteau, me parlaient de leur mère et me demandaient à boire. Mais j’allais vite et la malédiction de Dieu m’entraînait ailleurs.

Un jour pourtant je m’arrêtai quelques instants et j’eus beaucoup de peine à regagner ce temps perdu. C’était près d’une ville aux grandes tours. Des bourgeois fort polis m’accostèrent en passant. Jamais, dirent-ils, ils n’avaient vu un homme aussi barbu ; ils voulaient savoir qui j’étais ; je leur racontai vite que j’étais le Juif Isaac Laquedem et que je reviendrais bientôt pour leur en dire davantage.

Ah ! Sisyphe, que j’ai donc eu tort de ne pas aimer plus tôt ces hommes. Je le sais, je le sais, je ne le pouvais pas encore puisque je n’avais pas aimé Dieu ; mais