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marchais toujours. Je traversais, sans y boire l’eau qui chantait aux fontaines et sans y cueillir les bananes d’argent, les oasis où des femmes et des poètes s’aimaient dans l’ombre des palmes.

Le soleil entrait dans le sable comme dans un lac, laissant sur le sol des reflets jaunes et rouges ; et quand je passais près des sphynx et des Pharaons de pierre, les lions grondaient en se cachant.

Il y avait un fleuve azuré, où glissaient des bateaux chargés de fleurs. Dans les joncs, des crocodiles guettaient et d’énormes bêtes noires reniflaient et s’enfonçaient vite dans la vase.

SISYPHE.

Ah ! Quelle joie ! C’était près de mon pays, et j’ai fait boire à ces bêtes du sang ennemi mêlé à cette eau bleue !