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se faisait un moment solide. Ma barbe sur mes épaules était toute givrée de sel.

C’était la tempête et je descendais dans les vallées mouvantes de l’océan. Des bateaux éclataient entre les vagues, comme des noix entre les gonds d’une porte. Les hommes éparpillés alentour hurlaient d’épouvante et, me voyant debout sur les flots, me tendaient les bras et m’appelaient leur dieu. Puis comme je continuais de marcher, les poings tendus vers moi, ils s’enfonçaient dans l’eau en vomissant leur vie.

Parfois la mer, en se creusant, me découvrait ses abîmes.

Il y avait là des forêts de coraux pleines de monstres de nacre ; des fleurs miraculeuses, palpitantes, qui s’écrasaient d’elles-mêmes, dès que l’océan ne les