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choisir ce lieu pour m’y étendre. Car je n’ai le regret d’aucun autre pays ; ma patrie est ici, puisque je m’y arrête.

Mon Dieu est mort, Sisyphe, ou bien il est au diable.

Prends mon bâton et ce manteau, et suis ma vieille route, si cela te plaît. Moi, je reste ici sans y reprendre ta peine.

SISYPHE.

Oui, je veux partir et voir la mer et voir les hommes et traverser la joie et l’amour et la douleur des autres, avec ton vêtement qui préserve du désir et de la pitié.

LE JUIF.

Va dire dans les villes, au coin des rues et sur les places et sur les degrés des palais, notre histoire merveilleuse.

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