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que tu viens de sauver quand tu crois que je te sauve.

Oui, vieux bâton de Jérusalem, je te jette à mes pieds, et toi, manteau de voyageur, va couvrir le corps nu de Sisyphe.

C’est fini, c’est fini, je ne suis plus le Juif errant, je ne suis même plus le Juif sans pitié.

Sisyphe, que notre rencontre est donc admirable !

Depuis deux mille ans, je marche sans m’arrêter, à travers les océans peuplés de monstres et les terres couvertes de villes, de bêtes et de précipices. Je vais, parce que, Dieu ayant frappé à ma porte, j’ai refusé de l’aider à porter une croix de bois dont il s’était chargé pour éprouver le cœur des hommes.

Je vais ainsi, poussé en avant ; et,