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encore pour marquer le pas de Sisyphe qui monte, pour qu’ici, avec le rire des oiseaux et des sources, il oublie un moment qu’il souffre.

Ma flûte n’est qu’un morceau de bois dur, mais j’en fais sortir du vent qui donne de la joie avec de la fraîcheur et qui fait danser et sourire les femmes. Ton cœur n’est que du bois dur d’où rien ne sort.

Tes bras sont solides, mais inutiles puisqu’ils ne veulent pas sauver un maudit. Les miens sont faibles, mais ces doigts, du moins, en bouchant, l’un après l’autre, ces trous, façonnent un peu de bonheur.

Va-t-en. Et prends garde que le roc de Sisyphe en tombant ne t’écrase comme un hérisson au flanc du coteau.