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PAPYRUS DE LEYDE

Il y a quelque intérêt à comparer les signes et abréviations du papyrus avec les signes des alchimistes. Je note d’abord le signe de l’or (col. 12, l. 20), qui est le même que le signe astronomique du soleil, précisément comme chez les alchimistes : c’est le plus vieil exemple connu de cette identification. À côté figure le signe lunaire de l’argent[1]. Ces notations symboliques ne s’étendent pas encore aux autres métaux. On trouve aussi dans le papyrus (col. 9, l. 42 et 44) un signe en forme de pointe de flèche, à la suite des mots θείου ἀπύρου (soufre apyre) : ce signe est pareil à celui qui désigne le fer, ou, dans certains cas, répété deux fois, les pierres, dans les écrits alchimiques[2]. Dans le papyrus il semble qu’il exprime une mesure de poids. Les autres signes sont surtout des abréviations techniques, parmi lesquelles je note celle de l’alun lamelleux στυπτηρία σχιστή : l’une d’elles en particulier (pap. X, col. 6, l. 19) est toute pareille à celle des alchimistes[3]. Les noms des mesures sont abrégés ou remplacés par des signes, conformément à un usage qui existe encore de notre temps dans les recettes techniques de la pharmacie.

Il convient d’entrer maintenant dans l’examen détaillé des cent onze articles du papyrus : articles relatifs aux métaux, au nombre de quatre-vingt-dix, dont un sur l’eau divine ; articles sur la teinture en pourpre, au nombre de onze ; enfin dix articles extraits de Dioscoride. La traduction complète des articles sur les métaux va être donnée et suivie d’un commentaire ; mais je ne m’arrêterai guère sur les procédés de teinture proprement dite, fondés principalement sur l’emploi de l’orcanette et de l’orseille, procédés dont quelques-uns sont à peine indiqués en une ligne : comme si l’écrivain avait copié des lambeaux d’un texte qu’il ne comprenait pas. D’autres sont plus complets. Le tout est du même ordre que la recette de teinture en pourpre du Pseudo-Démocrite, contenue dans les manuscrits alchimiques et dont

  1. Le signe de l’or est absolument certain. Quant à celui de l’argent, M. Leemans a pris ce signe pour un Β : il est assez mal dessiné, comme le montre la photographie que je possède ; mais le texte ne me paraît pas susceptible d’une autre interprétation. M. Leemans dans ses notes (t. II, p. 257) le traduit aussi par Luna ; mais il n’a pas compris qu’il s’agissait ici de l’or et de l’argent.
  2. Voir les photogravures que je reproduis plus loin dans le présent volume : Planche I, l. 21 ; Pl. II, l. 3 ; Pl. IV, l. 25 ; Pl. VIII, l. 23.
  3. Ibid., Pl. II, l. 5 à droite ; Pl. IV, l. 21.