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INTRODUCTION

« Prenez du vinaigre piquant[1], épaississez, prenez de…[2], 8 drachmes de sel commun, 2 drachmes d’alun lamelleux (schiste), 4 drachmes de litharge, broyez avec le vinaigre pendant 3 jours, séparez par décantation et employez. Alors ajoutez au vinaigre 1 drachme de couperose, une demi-obole de…[3], trois oboles de chalcite[4], une obole et demie de sory[5], une silique[6] de sel commun, deux siliques de sel de Cappadoce[7]. Faites une lame ayant deux quarts (d’obole ?) Soumettez-la à l’action du feu… jusqu’à ce que la lame se rompe, ensuite prenez les morceaux et regardez-les comme de l’or affiné.

« Ayant pris quatre paillettes[8] d’or, faites-en une lame, chauffez-la et trempez-la dans de la couperose broyée avec de l’eau et avec une autre (couperose) sèche, battez (une partie) avec la matière sèche, une autre avec la matière mélangée : déversez la rouille et jetez dans… »

Il y a là deux recettes distinctes. Dans toutes deux figure le sulfate de cuivre plus ou moins ferrugineux, sous les noms de chalcanthon ou couperose et de sory. La seconde recette semble un fragment mutilé d’une formule plus étendue. La première présente une grande ressemblance avec une formule donnée dans Pline pour préparer un remède avec l’or, en communiquant aux objets torréfiés avec lui une propriété spécifique active, désignée par Pline sous le nom de virus. Remarquons que ce mot est la traduction littérale du grec ἰός, rouille ou venin, d’où dérive ἴωσις : ce qui complète le rapprochement entre la formule de Pline et celle du papyrus. Voici les paroles de Pline (Hist. Nat., XXXIII, 25) :

« On torréfie l’or dans un vase de terre, avec deux fois son poids de sel et

  1. Le texte porte δριάου, qui n’a pas de sens ; c’est δριμύ qu’il faut lire.
  2. Lacune.
  3. 1 drachme = 6 oboles, mesure de poids.
  4. Minerai de cuivre, tel que la pyrite.
  5. Produit de l’altération de la pyrite, pouvant renfermer à la fois du sulfate de cuivre et du sulfate de fer basique. Le sory est congénère du misy, produit d’altération analogue, mais moins riche en cuivre. (V. Diosc. Mat. méd., V, 116-118 ; Pline, H. N., XXXIV, 30, 31.
  6. Silique = tiers de l’obole, mesure de poids.
  7. Variété de sel gemme.
  8. Le texte porte le mot ὄζεια. Ce mot ne se trouve pas dans les dictionnaires et a fort embarrassé M. Leemans et Reuvens, qui y a vu le nom du roi (ou du prophète) juif Osée. Je le rattacherai à ὄζος, nœud ou rameau. Il répondrait au latin ramentum, si fréquent dans Pline.