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INTRODUCTION

dans Dioscoride (III, 146). Le sang de taureau signifie l’œuf du scarabée dans le papyrus, le Marrubium dans Dioscoride (III, 109). Réciproquement une même plante peut avoir deux noms différents dans les deux auteurs. L’Artemisia s’appelle sang de Vulcain dans le papyrus, sang humain dans Dioscoride (III, 117). Un seul nom se trouve à la fois dans le papyrus et dans Dioscoride, c’est celui de l’Anagallis, désigné par le mot : sang de l’œil.

On voit que les nomenclatures des botanistes d’alors ne variaient pas moins que celles de notre temps, alors même qu’elles procédaient de conventions symboliques communes, comme celles des prophètes égyptiens. Quelques-uns de ces mots symboliques ont passé aux alchimistes, mais avec un sens différent ; tels sont les noms : semence de Vénus, pris pour la fleur (oxyde, carbonate, etc.) de cuivre ; bile de serpent, pris pour le mercure, ou bien pour l’eau divine ; éjaculation du serpent, pris pour le mercure ; Osiris[1], pris pour le plomb (ou le soufre) ; lait de la vache noire, pris pour le mercure tiré du soufre[2] ; sang de moucheron, pris pour l’eau d’alabastron ; boue (ou lie) de Vulcain, pour l’orge, etc. ; toutes désignations tirées du vieux lexique alchimique. Dans le papyrus et dans Dioscoride, on trouve souvent les mêmes mots, mais avec une autre signification. Tout ceci concourt à reconstituer le milieu intellectuel et les sources troublées où a eu lieu l’éclosion des premières théories de la chimie.

Arrivons aux quelques notions de cette science dont le papyrus V conserve la trace. Elles se bornent à une recette d’encre, en une ligne (col. 12, l. 16) et à un procédé pour affiner l’or (col. 6, l. 18).

1o L’encre dont il s’agit est composée avec 4 drachmes de misy, 2 drachmes de couperose (verte), 2 drachmes de noix de galle, 3 drachmes de gomme et 4 drachmes d’une substance inconnue, désignée par deux Z, dans chacun desquels est engagé une petite lettre complémentaire. Un signe analogue existe chez les alchimistes et les médecins et paraît signifier pour eux le gingembre (voir plus loin le tableau des signes reproduit d’après une photogravure) ; mais ce sens n’est pas applicable ici. Je crois qu’il s’agit de

  1. Dans Dioscoride, III, 80, c’est le nom d’une plante.
  2. Lait d’une vache noire, au sens propre, à ce qu’il semble. (Pap. W, col. 3, l. 43, et col. 4, l. 4.)