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PAPYRUS DE LEYDE

Ce texte rappelle le refrain d’une tablette cunéiforme, citée par F. Lenormand dans son ouvrage sur la magie chez les Chaldéens.

Esprit du ciel, souviens-toi.
Esprit de la terre, souviens-toi.

Dans le papyrus actuel on retrouve la trace des vieilles doctrines égyptiennes, défigurées par l’oubli où elles commençaient à tomber. Les noms juifs, tels que Jao, Sabaoth, Adonaï, Abraham, etc., celui de l’Abraxa, l’importance de l’anneau magique dont la pierre porte la figure du serpent qui se mord la queue, anneau qui procure gloire, puissance et richesse[1], le rôle prépondérant attribué au nombre sept[2], « nombre des lettres du nom de Dieu, suivant l’harmonie des sept tons », l’invocation du grand nom de Dieu[3], la citation des quatre bases et des quatre vents : tout cela rappelle les gnostiques et spécialement[4] les sectateurs de Marcus, au iiie siècle de notre ère. Les pierres gravées de la Bibliothèque nationale de Paris portent de même la figure du serpent ouroboros, avec les sept voyelles et divers signes cabalistiques[5] du même ordre. Ce serpent joue d’ailleurs en Alchimie un rôle fondamental. Le nom de Jésus ne paraît qu’une seule fois dans le papyrus, au milieu d’une formule magique[6] et sans attribution propre. Le papyrus n’a donc point d’attaches chrétiennes. Par contre, les Égyptiens, les Grecs et les Hébreux sont fréquemment rapprochés et mis en parallèle dans les invocations (col. 8, l. 15) : ce qui est caractéristique. Signalons aussi le nom des Parthes[7] qui disparurent avant le milieu du iiie siècle de notre ère et dont il n’est plus question ultérieurement ; il figure dans le papyrus V, aussi bien que dans l’un des écrits de l’alchimiste Zosime. Plusieurs auteurs sont cités dans le papyrus, mais ils appartiennent au même genre de littérature. Les uns, tels que Zminis le Tentyrite, Hémérius, Agathoclès et Urbicus, sont des magiciens, inconnus ailleurs. Mais Apollo Béchès (Horus l’Épervier ou Pébéchius), Ostanès, Démocrite et Moïse, lui-même, figurent déjà à

  1. Papyrus V, col. 8, l. 24 ; col. 6, l. 26.
  2. Pap. V, col. I, 1. 21, 25, 30 ; col. 4, l. 13 ; col. 8, l. 6 ; col. 11, l. 20, etc.
  3. Col. 5, l. 13 ; col. 28, l. 15.
  4. Pap. V, col. 2, l. 20, 29, etc. — Origines de l’Alchimie, p. 34.
  5. Origines de l’Alchimie, p. 62.
  6. Pap. V, col. 6, l. 17.
  7. Pap. V, col. 8, l. 18.