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INTRODUCTION

appuyer par une preuve authentique ce que nous pouvions déjà induire sur l’origine de ces derniers et sur l’époque de leur composition. En même temps la précision de certaines des recettes communes aux deux ordres de documents, recettes applicables encore aujourd’hui et parfois conformes à celles des Manuels Roret, opposée à la chimérique prétention de faire de l’or, ajoute un nouvel étonnement à notre esprit. Comment nous rendre compte de l’état intellectuel et mental des hommes qui pratiquaient ces recettes frauduleuses, destinées à tromper les autres par de simples apparences, et qui avaient cependant fini par se faire illusion à eux-mêmes, et par croire réaliser, à l’aide de quelque rite mystérieux, la transformation effective de ces alliages semblables à l’or et à l’argent en un or et en un argent véritables ?

Quoi qu’il en soit, nous devons remercier vivement M. Leemans d’avoir terminé sur ce point, avec un zèle que la vieillesse n’a pas épuisé, une œuvre commencée dans son âge mûr, il y a quarante-deux ans. Elle fait partie de la vaste publication des papyrus de Leide, poursuivie par lui depuis près d’un demi-siècle. Les papyrus grecs n’en constituent d’ailleurs qu’une partie relativement minime ; ils viennent compléter les impressions antérieures des papyrus grecs de Paris (1[1]), de Turin et de Berlin (2[2]). J’ai déjà examiné ces derniers au point de vue chimique (3[3]), ainsi que ceux de Leide, d’après les seules indications de Reuvens (4[4]). Il convient aujourd’hui de procéder à une étude plus approfondie de ces derniers, à l’aide du texte complet désormais publié : je ferai cette étude surtout au point de vue chimique, sur lequel je puis apporter les lumières d’un spécialiste, réservant la discussion philologique des textes à des savants plus compétents.

Rappelons d’abord l’origine des papyrus grecs du musée de Leide ; puis nous décrirons sommairement les principaux écrits contenus dans le tome II, tels que les papyrus V, W et X. À la vérité, les deux premiers sont surtout magiques et gnostiques. Mais ces trois papyrus sont associés

  1. Tome XVIII, 2e partie, des Notices et extraits des Manuscrits, etc., publiés par l’Académie des inscriptions (1866), volume préparé par Letronne, Brunet de Presle et le regretté Egger.
  2. Publié par Parthey, sous le patronage de l’Académie de Berlin.
  3. Origines de l’Alchimie, p. 331
  4. Même ouvrage, p. 80-94.