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INTRODUCTION


obsédé les esprits jusqu’au temps de Lavoisier. Le rôle qu’il a joué dans les commencements de la Chimie, l’intérêt passionné qu’il a donné à ces premières recherches dont notre science actuelle est sortie, méritent toute l’attention du philosophe et de l’historien. Aussi devons-nous saluer avec Joie la découverte des textes authentiques que nous fournissent les papyrus de Leide.

La publication de ce volume était réclamée depuis longtemps et attendue (i)[1] avec impatience par les personnes qui s’intéressent à l’histoire des sciences antiques, et le contenu du volume actuel, déjà connu par une description sommaire de Reuvens (Lettres à M. Letronne, publiées à Leide en 1830), paraissait de nature à piquer vivement la curiosité des archéologues et des chimistes. En effet, l’un des principaux papyrus qui s’y trouvent, le papyrus X p. 199 à 259 du volume actuel), est consacré à des recettes de chimie et d’alchimie, au nombre de cent-une, suivies de dix articles extraits de Dioscoride. C’est le manuscrit le plus ancien aujourd’hui connu, où il soit question de semblables sujets : car il remonte à la fin du troisième siècle de notre ère, d’après Reuvens et Leemans.

Ce serait donc là l’un de ces vieux livres d’Alchimie des Egyptiens sur l’or et l’argent, brûlés par Dioclétien vers 290, « afin qu’ils ne pussent s’enrichir par cet art et en tirer la source de richesses qui leur permissent de se révolter contre les Romains. »

Cette destruction systématique nous est attestée par les chroniqueurs byzantins et par les actes de saint Procope (2)[2] ; elle est conforme à la pratique du droit romain pour les livres magiques, pratique qui a amené l’anéantissement de tant d’ouvrages scientifiques durant le moyen âge. Heureusement que le papyrus de Leide y a été soustrait et qu’il nous permet de comparer jusqu’à un certain point, et sur un texte absolument authentique, les connaissances des Egyptiens du in « siècle avec celles des alchimistes gréco-égyptiens, dont les ouvrages sont arrivés jusqu’à nous par des copies beaucoup plus modernes. Les unes et les autres sont liées étroitement avec les renseignements fournis par Dioscoride, par Théo-

  1. (i) Le premier volume avait paru en 1843.
  2. (2) Voir mon ouvrage : Origines de l’Alchimie, p. 712, 1885.