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INTRODUCTION

la plupart des planètes répondent aux mêmes métaux que dans les énumérations ordinaires, à l’exception de la planète Hermès, à la suite du signe de laquelle se trouve non le nom d’un métal, mais celui d’une pierre précieuse : l’émeraude. Le mercure est cependant inscrit vers la fin de l’énumération des substances consacrées à Hermès, mais comme s’il avait été ajouté après coup. Or, chez les Égyptiens, d’après Lepsius, la liste des métaux comprenait, à côté de l’or, de l’argent, du cuivre et du plomb, les noms des pierres précieuses, telles que le mafek ou émeraude, et le chesbet ou saphir, corps assimilés aux métaux à cause de leur éclat et de leur valeur[1].

Dans le roman égyptien de Satni-Khâm-Ouas, le livre magique de Tahout est renfermé dans sept coffres concentriques, de fer, de bronze, de bois de palmier, d’ivoire, d’ébène, d’argent et d’or[2]. La rédaction primitive de ce roman remonterait aux dernières dynasties ; sa transcription connue, au temps des Ptolémées. Tout ceci concourt à établir que la liste des sept métaux n’a été arrêtée que fort tard, probablement vers l’époque des Antonins.

C’est ici le lieu de parler des tablettes métalliques trouvées à Khorsabad. Dans le cours des fouilles, en 1854, M. Place découvrit, sous l’une des pierres angulaires du palais assyrien de Sargon, un coffret contenant sept tablettes. C’étaient des tablettes votives, destinées à rappeler la fondation de l’édifice (706 ans avant J.-C.), et à lui servir en quelque sorte de Palladium. Quatre de ces tablettes se trouvent aujourd’hui au Musée du Louvre. J’en ai fait l’analyse, et les résultats de mon étude sont consignés plus loin dans le présent volume. Je me borne à dire ici que les quatre tablettes sont constituées en fait par de l’or, de l’argent, du bronze et du carbonate de magnésie pur, minéral rare que l’on ne supposait pas connu des anciens, et dont l’emploi reposait sans doute sur quelque idée religieuse. Les noms des matières des tablettes, tels qu’ils sont indiqués dans les inscriptions qui les recouvrent, sont d’après M. Oppert, l’or (hurasi), l’argent (kaspi), le cuivre (urudi ou er [bronze]), puis, deux mots (anaki

  1. Voir les métaux égyptiens, dans mon ouvrage sur les Origines de l’Alchimie, p. 221 et 233, Steinheil, 1885.
  2. Histoire ancienne de l’Orient, par Fr. Lenormant, 9e édition, t. III, p. 158 (1883).