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menaça la puissance des Francs, alors maîtres de Constantinople[1].

Tandis que le roi bulgare poursuivait ainsi le cours de ses conquêtes, la renommée de sainte Parascève parvint à ses oreilles. Asène II, en qui le génie des conquêtes n’excluait point la piété chrétienne, l’apprit avec allégresse ; il sentit son cœur animé d’une nouvelle ardeur, et, semblable au cerf altéré qui aspire aux sources d’eau vive, il fut impatient de posséder les reliques vénérées de l’illustre sainte.

De toutes parts, en effet, cette vierge bienheureuse avait fait sentir la vertu de son intercession ; de toutes parts s’était répandu l’éclat de ses bienfaits et de ses miracles. Mettant donc à profit l’occasion que lui offraient ses victoires, le pieux roi envoya des messagers aux Francs qui occupaient Constantinople, non pour exiger de l’or ou de l’argent, des perles ou des pierres précieuses, mais pour demander le trésor que l’on conservait à Epivati. Pouvait-il, en effet, y trouver quelque chose de plus cher à son cœur que le corps de sainte Parascève, gloire immortelle de la nation bulgare ? — « Lors même qu’ils me demanderaient la moitié de mon royaume, se disait-il en lui-même, je suis prêt à l’accorder ; or ou argent, n’importe quel bien, je suis prêt à tout donner, pourvu qu’ils nous rendent ce trésor incomparable. » — Les Francs acquiescèrent à la demande d’Asène, et, dans cette rencontre comme dans toutes les autres, ils mirent de l’empressement à satisfaire son désir. Ils lui cédèrent donc l’objet de ses vœux, en y joignant d’autres présents, marques de leur déférence, et en assurant qu’ils donneraient volontiers leur vie, si cela était nécessaire. Le prince Asène II, transporté de joie, envoya sur-le-champ le vénérable métropolitain de Preslavl, pour présider à la translation des saintes reliques. Marc (c’était le nom du prélat), arrivé à Epivati, rendit à sainte Parascève les honneurs qui lui étaient dus, puis il leva avec respect ses restes vénérés et prit la route de Ternovo, au milieu des chants de reconnaissance envers la sainte.

Au sortir des possessions des Francs, et lorsqu’il fut arrivé sur le territoire bulgare, les habitants des environs vinrent à sa rencontre avec des flambeaux allumés et de l’encens, et accompagnèrent la châsse jusqu’à Ternovo, capitale du royaume. Dès que Jean Asène en fut instruit, il sortit de la ville, avec la reine Hélène, sa mère, la reine Anne, son épouse, et tous les magnats de son royaume ; à leur suite marchait

  1. Euthyme va jusqu’à dire qu’Asène a pris la capitale et détruit l’empire des Francs, ce qui est inexact.