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REVUE
DES
TRADITIONS POPULAIRES

23e Année — Tome XXIII — No1. — Janvier 1908


CONTES ET LÉGENDES DE BASSE-BRETAGNE

LXXII

L’HOMME-CHEVAL

Il y avait autrefois, aux environs de Morlaix, un fort joli manoir, appelé le château de Kermac’hek, habité par une noble dame qui était veuve et n’avait qu’un fils.

Malheureusement, une méchante fée avait condamné cet unique enfant à être métamorphosé en cheval jusqu’au jour où certaines circonstances auraient lieu.

Quand Yves de Kermac’hek (ou plutôt le cheval dans la peau duquel il était) vit arriver la vingtième année, il dit un soir à sa mère qu’il voulait se marier, et la pria de lui trouver une femme.

La pauvre dame fut bien en peine à cette nouvelle, car, hélas ! quelle jeune fille consentirait à s’unir à un cheval ? Elle ne dormit pas de la nuit, mais, quand vint le petit jour, une idée lui vint aussi. Non loin du château habitait un meunier qui avait trois filles et qui lui devait plusieurs années de location. Elle résolut d’aller le trouver. Elle se rendit donc au moulin et fit part de ses projets au meunier. Celui-ci résista d’abord, mais comme il réfléchit que si le mariage se faisait, cela pourrait le libérer de ses dettes, il n’osa refuser, et il fut convenu que le lendemain matin, il enverrait l’aînée de ses filles au château pour blanchir du linge.

Le lendemain la jeune fille s’y rendit, et comme elle était à laver au bord de l’étang, elle vit arriver un beau monsieur, bien habillé, ayant la mine d’un vrai seigneur, qui se mit à causer avec elle. Au bout d’un peu de temps, il lui dit :