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l’éclosion souvent hâtive d’un nombre considérable de travaux, de valeur très inégale. Pendant cette période, la curiosité de Poincaré est plus que toute autre en éveil ; il examine tout ce qui se publie et accompagne de commentaires les notes qui apparaissent chaque semaine dans les Comptes-Rendus de l’Académie ; il donne enfin à la Revue générale des Sciences un article d’ensemble qui provoque les recherches d’Henri Becquerel et sa découverte de l’émission spontanée par l’uranium de rayonnements analogues aux rayons de Röntgen.

Le point de vue de cet article est le suivant : les propriétés connues à ce moment des nouveaux rayons, leur extraordinaire pouvoir de pénétration, l’absence de réfraction et de diffraction sensibles, s’accordent pour les faire envisager comme des rayons ultra-violets extrêmes, de longueur d’onde extraordinairement courte. Le fait d’ailleurs que les obstacles tels que le verre, frappés par les rayons cathodiques émettent une phosphorescence visible, jaune verdâtre, en même temps que des rayons de Röntgen, ne conduit-il pas à considérer ceux-ci comme faisant partie de cette même phosphorescence dont ils représenteraient l’extrémité du spectre ? Il est alors naturel de penser que d’autres phosphorescences provoquées par d’autres causes que le choc des rayons cathodiques, pourraient s’accompagner aussi d’une émission de rayons de R6ntgen, en contenir aussi dans leur spectre.

On connaissait un grand nombre de corps qui, sous l’action excitatrice de la lumière, émettent une phosphorescence plus ou moins durable. Edmond Becquerel en avait étudié beaucoup et particulièrement les sels d’uranium. Henri Becquerel disposait au Muséum des produits préparés par son père et chercha s’ils émettaient des rayons de Röntgen après avoir été exposés à la lumière, s’ils devenaient capables, par exemple, d’impressionner une plaque photographique à travers un écran de papier noir. Il n’observa pas l’effet attendu, mais remarqua par hasard qu’un cristal d’azotate d’urane, sans avoir subi l’action de la lumière, pouvait agir sur la plaque photographique ou bout d’un temps suffisamment long, et reconnut qu’il émettait, de façon permanente et spontanée, un rayonnement tout à fait comparable à celui qu’avait découvert Röntgen, capable comme lui de rendre conducteurs les gaz qu’il traversait. On sait comment Mme Curie, ayant observé la même propriété sur les sels de thorium et fait l’hypothèse qu’il s’agissait d’une