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fil au point de vue de l’émission des ondes, de leur propagation et de leur réception par l’appareil détecteur. J’ai déjà eu l’occasion de rappeler, à propos du problème de la propagation, que ces chapitres nouveaux de la technique présentent d’énormes difficultés théoriques et qu’il ne faut rien moins, pour les résoudre, que la puissance d’analyse d’un Poincaré.

VI. — Les rayons cathodiques et la radioactivité.

En même temps qu’il s’intéressait ainsi aux questions les plus difficiles et les plus spéciales de la technique, Poincaré ne cessait pas de suivre et de provoquer les recherches de physique pure. Il en trouva de nouveau l’occasion dans la découverte des rayons cathodiques et des rayons de Röntgen : une idée émise par lui fut le point de départ des travaux d’Henri Becquerel et de la découverte des phénomènes de radioactivité, une impulsion qu’il donna conduisit à la création de cette science nouvelle, si vigoureuse qu’elle est en quinze ans devenue tout un monde.

Les travaux de Maxwell et de Hertz avaient révélé les propriétés de l’éther, avaient analysé le phénomène de propagation des ondes électromagnétiques, hertziennes ou lumineuses, à travers ce milieu. Mais la liaison de l’éther avec la matière restait obscure, que se passe-t-il dans celle-ci au. moment de l’émission ou de l’absorption des ondes, en quoi consistent les phénomènes de courant qui leur sont liés, qu’est l’électricité elle-même par rapport à l’éther qui peut agir sur elle et qu’elle peut ébranler ? La première réponse claire de l’expérience à toutes ces questions résulta de la découverte des rayons cathodiques et de l’examen de leurs propriétés. Nous savons aujourd’hui qu’ils représentent de l’électricité négative en mouvement rapide et que celle-ci est constituée par des éléments ou corpuscules tous égaux entre eux et présents dans toute matière. Cette hypothèse, émise par Varley et développée par Crookes, ne triompha qu’après les expériences de Perrin et de J.-J. Thomson. Poincaré prit une part active aux discussions contre les physiciens qui voulaient voir dans ces rayons, au lieu d’émission de corpuscules électrisés, un phénomène de propagation d’ondes comparable à la lumière. M. Jaumann, en particulier, les considérait comme des ondes longitudinales de l’éther dont la lumière et les ondes hertziennes sont les