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là des confusions et des difficultés que seuls peuvent résoudre ceux qui aisément s’élèvent au-dessus des habitudes de pensée associées à l’emploi d’un langage de technicien.

Il en est ainsi, par exemple, pour la notion des lignes de force magnétiques, particulièrement commode, et qui facilite l’emploi des lois de l’induction dans les applications courantes. Dans un champ magnétique fixe, la force électromotrice induite dans un conducteur mobile est déterminée par le nombre des lignes de force qu’il coupe en un temps donné. Les difficultés naissent quand le champ magnétique est en même temps variable ou qu’il est produit par un système en mouvement. Doit-on considérer que ce système entraîne avec lui les lignes de force qu’il produit et quel mouvement doit-on attribuer aux lignes de force dans un champ magnétique variable ? Il est bien entendu qu’il s’agit seulement ici de préciser un langage au-dessus et en dehors duquel nos théories actuelles permettent de prévoir dans chaque cas en toute certitude ; mais elles sont de forme trop complexe encore pour qu’un langage simplifié ne soit pas, au moins provisoirement, indispensable à l’ingénieur.

On a longuement discuté, par exemple, la question fameuse de l’induction unipolaire doit-on admettre qu’un aimant cylindrique droit, tournant autour de son axe, entraîne avec lui dans sa rotation les lignes de "force du champ magnétique qu’il produit ou, puisque ce champ reste invariable en tout point par raison de symétrie, ne doit-on pas plutôt en supposer les lignes de force immobiles ?

Poincaré, en même temps qu’il mettait nettement en évidence le rôle des contacts glissants dans les phénomènes d’induction qu’un pareil système peut produire, montra que les deux hypothèses conduisent au même résultat dans le cas des circuits induits fermés, mais que le langage des lignes de force perd toute signification jet toute utilité dans le cas des circuits induits ouverts : la question posée n’a plus de sens et il faut remonter à une théorie comme celle de Lorentz pour obtenir des prévisions conformes à la réalité.

L’application des lois de l’induction sous leur forme courante devient particulièrement difficile dans le cas des circuits mobiles avec contacts glissants dans un champ magnétique variable, alternatif par exemple, comme dans la question des moteurs à courant alternatif à collecteur, discutée entre l’inventeur de ces appareils ; M. Latour et le célèbre ingénieur Maurice Leblanc. Henri Poincaré trancha la question et donna raison à M. Latour; son intervention