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les notes de leurs auteurs, ils attendraient une lointaine aurore ; ou bien, fruits exotiques de la presse quotidienne, cette marâtre à la démarche hâtive et impatiente en aurait depuis longtemps perdu et fait perdre le souvenir. En Canada le nombre des lecteurs est restreint, et le travail de l’impression coûte un prix élevé. Combien de bonnes et belles choses qu’on n’ose mettre en volume, craignant les difficultés matérielles ? Recueillons-les et les condensons en quelques pages, et qu’elles ne soient pas perdues pour la postérité.

Depuis dix-sept ans le mouvement littéraire s’est accentué, la classe instruite s’est accrue et le nombre des productions de l’intelligence est devenu plus considérable. Il existe dans nos centres populeux des sociétés littéraires florissantes, et on a commencé à stimuler nos jeunes talents en les invitant à prendre part à des concours divers. Les questions historiques sont soumises à des investigations minutieuses et réitérées. Archives, documents privés, récits légendaires souvenirs des vieillards, traditions de famille, on interroge tout avec un soin extrême, et, grâce au zèle infatigable de nos historiens nationaux, nous pouvons relever chaque pas de la civilisation dans le nord de l’Amérique.

Nous suivons avec grand intérêt le résultat de ces recherches. Elles ont pour nous un attrait de cœur ; elles nous donnent un sentiment d’orgueil. Mais voilà que nous ne serons plus seuls à nous y intéresser, et nos historiens peuvent compter désormais sur de plus nombreux lecteurs. La France s’est souvenue soudain du rejeton qu’elle a abandonné depuis plus d’un siècle sur les bords du St-Laurent. Elle se rappelle que nos ancêtres furent ses enfants et que nos gloires sont les siennes. Et si les relations nouvelles qui s’établissent ont de l’importance au point de vue politique, elles en ont aussi pour notre littérature.

Notre mouvement littéraire tend sans cesse à se généraliser. Nous nous essayons dans tous les genres. Donnons aux lettres canadiennes un centre vital, actif ; ouvrons les pages d’une bonne Revue à tous les talents et notre littérature vivra ; nous pourrons en montrer avec orgueil les développements. Historiens, littérateurs, hommes versés