Page:Collectif - Revue canadienne, Tome 1 Vol 17, 1881.djvu/7

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LA REVUE CANADIENNE


PROSPECTUS

I

Ceux qui s’occupent de littérature ont pu constater que dans tous les pays on lui donne des organes spéciaux, et que ces organes sont considérés comme une condition essentielle de son parfait développement. La littérature a une vie propre ; elle se choisit dans la société un coin tranquille et paisible, et c’est la déplacer que de la confier aux allures vives et mouvementées de la presse quotidienne. Combien de belles productions cette dernière n’éparpille-t-elle pas à tous vents, pour les laisser tomber le lendemain dans un éternel oubli ? La vraie littérature ne se contente pas de cet éclat d’un jour. Elle veut vivre, elle veut demeurer, consentant d’attirer moins de regards mais plus de considération. Elle ne se prodigue pas à tous venants ; mais elle invite les esprits délicats à la suivre et à l’admirer ; elle se veut, hors de la portée du vulgaire, des sanctuaires choisis où ses disciples peuvent toujours pénétrer, se rencontrer et se connaître.

Les lettres canadiennes comme les autres et plus même que les autres ont besoin d’un tel sanctuaire, exigent des organes. Il y a dix-sept ans on le comprit, et la Revue Canadienne vit le jour. Parcourons ses pages depuis cette date ; les écrits, les travaux dignes de mention et dignes d’être conservés y abondent. On peut les relire avec plaisir et avec fruit. Sans l’intermédiaire de cette publication ils n’auraient jamais été ou ne seraient plus. Ensevelis dans