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la liaison comme de la netteté des sons produits par la seule pression du doigt, il corrigera facilement par là les défauts de mécanisme qu’il aurait pu contracter au piano[1]. Après cette épreuve, il entreprendra l’étude du doigté particulier au style lié. Il en est trois :

lo. Le doigté par substitution, ou remplacement des doigts sur la même touche sans la répéter.

2o. Le passage des doigts courts sous les longs et vice versa en passant d’une touche à la suivante.

3o. Le glissé ou liaisons de deux touches consécutives au moyen du même doigt.[2]

La pratique seule donnera le discernement nécessaire au choix de ces divers doigtés.

L’élève trouvera au début de presque toutes les méthodes des exercices pour acquérir ces différents doigtés, après lesquels il passera à l’étude de petites pièces successivement à deux, trois et quatre parties ; le « trois premiers mois à l’orgue » de Rinck et le 1er livre de « l’Ecole pratique » du même auteur nous offrent une série de pièces ainsi classées toutes très utiles et très intéressantes.

Analysez bien chaque morceau avant de les jouer afin de retracer la marche des différentes parties, les divisions rythmiques, les tenues, etc., puis déchiffrez très lentement, et si l’oreille signalait une faute quelconque, prenez tout le temps nécessaire pour la corriger sans ôter les mains du clavier, et par la seule perception de l’ouïe. Cesser de jouer à la première faute, ou regarder à ses doigts pour la corriger, c’est perdre un temps précieux ainsi que l’occasion de se perfectionner comme musicien.

Enfin n’entreprenez jamais le morceau suivant sans posséder couramment celui qui précède.

R. O. Pelletier.


(À suivre).




  1. Cherchez souvent l’occasion, dit Robert Schuman (dans ses conseils aux jeunes musiciens) de poser vos mains sur un clavier d’orgue ; je ne connais point d’instrument plus utile pour corriger les moindres défauts de mécanisme et de style. Faut-il d’autres témoignages pour faire tomber le préjugé que l’orgue gâte la touche du piano. C’est bien plutôt le contraire qui arrive.
  2. Le glissé est le plus souvent dévolu au pouce dans les parties intermédiaires. Voici comment s’opère ce doigté difficile : Abaissez légèrement l’avant-bras et dirigez en dehors l’extrémité du pouce, de manière à atteindre la touche suivante ou moment précis où l’on quittera la précédente, retenue jusque-là par la première jointure.