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Prétendre que l’orgue souffre tout parce qu’on se permet de tout y interpréter, c’est nier que le roi des instruments ait aussi ses principes définis et ses traditions de style. Si on l’admet au contraire, comment ose-t-on y tolérer ou même encourager des lectures étrangères au jeu lié, des accompagnements hybrides, des improvisations mal assorties et ou rappelant le théâtre ?

Que le titulaire refuse de lire une seule page de véritable musique d’orgue, et préfère se livrer à ses inspirations mondaines, cela se comprend. Il n’est pas toujours en état de connaître les décrets de conciles et les circulaires de son évêque réglant l’esprit de la musique d’orgue ; mais ne serait-on pas tenu de les connaître pour lui, ou bien prendrait-on par hasard un motif de « Faust », un pas redoublé, un galop pour quelque cantilène de plain-chant ?

Il faut évidemment en prendre son parti, la réforme ne s’annonce pas en certains quartiers ; adressons-nous donc à cette nouvelle génération d’artistes, toujours à la recherche du vrai et du beau.

À ces organistes de l’avenir, avides d’enrichir leur répertoire des productions des grands maîtres revient la noble tâche de réformer le goût. C’est pour leur aplanir autant qu’il est possible la route à suivre que je leur offre le mode de travail suivant puisé aux sources les plus autorisées :

Le clavier manuel. — Avant de commencer l’étude de l’orgue, il importe d’avoir assoupli et fortifié ses doigts par les études mécaniques du piano, de s’être rendu familier avec le doigté des gammes des arpèges, etc.

Ainsi préparé l’élève devra d’abord comprendre la différence qui existe entre le toucher de l’orgue et celui du piano.

Il sait déjà qu’au piano les vibrations de la corde ont été produites par une percussion dont il peut modifier à volonté le degré de force par l’attaque de la touche.

À l’orgue, la touche ne modifie aucunement l’intensité du son, mais, contrairement au piano, sa durée égale rigoureusement celle de l’abaissement de la touche sur laquelle le doigt exerce une pression décidée mais toujours uniforme.

Cette distinction bien comprise, l’élève essaiera sur le clavier de l’orgue une série de notes simples, afin de s’assurer de